jeudi 10 juillet 2008

PRIERE EN COMMUN OU SEUL POUR VOYAGEUR

MOUHAMMAD NASIRUD DÎN ALBÂNÎ



QUESTION :

Quelle est la règle concernant le voyageur qui entend l’appel à la prière ?

REPONSE :

Si nous croyons avec conviction que le voyageur n’est pas obligé d’accomplir la prière du Jumu’ah (et c’est l’avis de la majorité des savants), et que l’obligation d’assister à la prière du Jumu’ah est plus forte encore que la simple prière en commun, et que malgré tout le voyageur n’est pas obligé d‘y assister. Alors, a fortiori, l’obligation d’assister à la prière en commun cesse.

Mais une autre obligation pèse sur ce voyageur et qui est : s’il se trouve avec un groupe de voyageurs ou un groupe de résidents et qu’on appelle à la prière, dans ce cas il lui est obligatoire de prier en commun. Ceci car il est rapporté dans Al-Bukhârî, ces propos du Prophète (salallahu ‘alayhi wasalam) adressés à Mâlik Ibn Al-Huwayrith : « Si vous êtes en voyage, que l’un de vous appelle à la prière, et que le plus âgé d’entre vous dirige la prière. »

Donc il leur a ordonné d’accomplir la prière en groupe, un groupe spécifique de voyageurs. C’est là la réponse."

QUESTION :

Tu es voyageur et te joins à un groupe de résidents accomplissant la prière du ‘Asr ou une autre prière de quatre raka’at. Tu n’arrives que pour les deux dernières raka’at, alors que fais-tu, tu salues avec l’imam ou tu complètes à quatre raka’at ? Et quelles sont les preuves à ce sujet ?

REPONSE :

Lorsque le voyageur prie derrière un imam résident, la prière du voyageur se transforme en la prière de ce résident. Donc, même si le voyageur rejoint l’imam juste avant le salut final et que l’imam quitte la prière, le voyageur doit compléter totalement la prière.

Ceci car il est rapporté dans le Sahih Muslim et le Musnad de l’imam Ahmad, qu’on interrogea ‘Abdallah Ibn ‘Abbas à propos du nomade qui raccourcit la prière lorsqu’il est en voyage, donc comment devait-il prier ici à La Mecque, derrière l’imam ? Il répondit : « Il accomplit une prière normale (de quatre raka’at), et c’est là la sunna de Abû Al-Qâsim (le Prophète (salallahu ‘alayhi wasalam)). »

C’est une preuve claire sur cette question, et cela est appuyé par la globalité de la parole du Prophète (salallahu ‘alayhi wasalam) rapportée par Al-Bukhârî et Muslim : « L’imam n’est là que pour être suivi. »

Donc, lorsque le voyageur prie derrière un imam résident, la prière du voyageur se transforme en prière de résident, et il doit prier normalement, et ce même s’il manque toutes les raka’at (avec l’imam) comme nous l’avons rappelé. »

QUESTION:

Comment le voyageur doit-il accomplir la prière en tant qu’imam s’il y a derrière lui des résidents ?


REPONSE:


« L’imam voyageur n’a pas le droit d’accomplir une prière de quatre raka’at, mais il doit suivre le Prophète (salallahu ‘alayhi wasalam) en toute situation et se conformer à sa parole lorsqu’on lui dit : « Ô Messager d’Allah ! Pourquoi raccourcissons-nous la prière alors que nous sommes en sécurité ? Le Prophète (salallahu ‘alayhi wasalam) dit : « C’est une aumône qu’Allah vous fait, acceptez donc l’aumône d’Allah. »

Le voyageur qui dirige les gens dans la prière doit raccourcir la prière.

Par exemple, si je vous dirige dans la prière, j’accomplirai la prière du I’sha en deux raka’at, par contre vous devrez vous l’accomplir en quatre raka’at. Car l’obligation pour moi est de l’accomplir en deux raka’at, alors que pour vous c’est de l’accomplir en quatre raka’at.

Il ne m’est pas permis de prêter attention à vous, ou en des termes plus précis : il ne m’est pas permis de vous suivre dans la prière. Votre prière est celle du résident, alors que ma prière est celle du voyageur. L’imam ne doit pas devenir un fidèle, et inversement le fidèle ne devient pas imam, de sorte que le fidèle suive l’imam qui, lui-même suit le fidèle, non.

Ainsi, si une personne résidente prie derrière un imam voyageur, elle doit compléter sa prière lorsque l’imam prononce le salut final. A l’inverse, lorsqu’un voyageur prie derrière un imam résident, la prière du voyageur devient une prière de résident, et il doit accomplir quatre raka’at. C’est ce qu’indiquent clairement les Textes, mais vous pouvez entendre le contraire de certaines personnes, alors prenez garde ! Il est rapporté dans le Sahih Muslim qu’un nomade demanda à ‘Abdallah Ibn ‘Abbâs qui était lui de La Mecque : « Ô Abû Al-‘Abbâs – qui est le surnom de ‘Abdallah Ibn ‘Abbâs – Pourquoi lorsque nous sommes en voyage raccourcissons-nous la prière et lorsque nous sommes ici dans la Mosquée Sacrée, complétons-nous la prière ? » Il répondit : « C’est là la Sunna de Abû Al-Qâsim. » Ce qui signifie que lorsque le voyageur prie seul, il lui est obligatoire de raccourcir la prière, mais s’il prie derrière un imam résident, il doit le suivre. Et cette deuxième règle qui apparaît dans le hadith du Sahih Muslim complète la parole du Prophète (salallahu ‘alayhi wasalam) : « L’imam n’est là que pour être suivi, ne divergez donc pas de lui. »

Si tu pries derrière un imam résident et qu’après s’être assis pour le premier Tashahhud, l’imam se lève et que toi tu prononces le salut final, tu as divergé de lui en t’opposant à la Sunna authentique que nous venons de rappeler dans le hadith de Ibn ‘Abbâs. »

Mais si l’imam est voyageur, il doit signifier aux gens derrière lui son état afin qu’ils comprennent pourquoi il n’accomplit que deux raka’at, mais comment doit-il s’y prendre ?


QUESTION:


Lorsqu’un imam voyageur accomplit la prière et qu’il la raccourcit, il se peut qu’il dirige des gens qui sont eux résidents et on l’entend parfois dire après avoir salué : « votre imam est voyageur, complétez votre prière. » Est-ce là la Sunna authentique ?

REPONSE :

Oui, il lui est obligatoire, lorsqu’il dirige des résidents dans la prière, de dire : complétez votre prière, car nous sommes voyageurs. C’est ce qu’on rapporte du Prophète (salallahu ‘alayhi wasalam) par une chaîne de transmission faible, mais authentiquement du Commandeur des croyants ‘Umar Ibn Al-Khattâb qui dit : « complétez votre prière, car nous sommes voyageurs. »

Mais on ne peut dire cela qu’après le salut final. Mon avis concernant ce salut, et c’est là un avis que je donne sans pouvoir m’appuyer sur un Texte clair, mais uniquement par compréhension et déduction des Textes. Je suis d’avis que ce salut doit se faire à voix basse, et ce afin d’appliquer la parole du Prophète : « La fin de la prière est marquée par le salut final. »

S’il prononce cette parole pendant la prière, c’est une parole (humaine, alors que la prière n’est composée que de louanges et de récitations, et toute parole n’est adressée qu’à Allah) et la prière est invalidée. Par contre s’il sort de la prière, celle-ci est valide, même s’il salue à voix basse, de même que la prière serait valide s’il entrait dans la prière en prononçant le Takbir à voix basse.

S’il dirige des résidents dans la prière, je suis d’avis qu’il prononce le salut final à voix basse afin de ne pas mettre en difficulté les fidèles qui sont malheureusement le plus souvent inattentifs, si bien qu’ils saluent directement avec l’imam sans se rendre compte qu’ils doivent compléter la prière. Mais s’il leur dit « complétez votre prière car nous sommes voyageurs », il est plus probable qu’ils complètent, et je n’en suis pas certain pour l’avoir vécu plusieurs fois et avoir indiqué que j’étais voyageur, des gens saluaient malgré tout, en raison de leur grande inattention.

QUESTION:

Il vaut mieux qu’il les informe avant la prière?

REPONSE :

Oui cela est meilleur. Gloire à Allah, tu m’as rappelé un évènement qui s’est déroulé alors que j’étais à Tabûk chez un ami à qui je rendais visite, et il y avait une mosquée proche de sa maison. Pour la prière du ‘Ishâ, nous nous sommes rendus à la mosquée et il m’a demandé de diriger la prière.

Je lui ai dit discrètement : « Ces gens ne sont pas prêts à voir ce qu’ils considèrent être une innovation : que l’imam accomplisse deux raka’at, et qu’il leur dise : complétez votre prière, c’est là une chose étrange.

Il me dit : pourquoi ne pas leur apprendre la Sunna ?

Je dis : j’aimerais le faire mais j’ai peur qu’ils nous fassent des problèmes. Il me dit : ne t’en occupe pas. J’ai donc fait une conférence sur ce thème, mais malgré tout il y eut des problèmes après la prière. Ils dirent : pourquoi laisses-tu cet homme nous diriger dans la prière, il vient nous perturber, etc. Mais comme nous disions auparavant mon frère, c’est la Sunna du Prophète (salallahu ‘alayhi wasalam) qui lorsqu’il dirigeait dans la prière des résidents, ne se souciait pas d’eux et raccourcissait la prière.

On a rapporté ces propos de lui comme nous l’avons rappelé précédemment, ainsi que de manière authentique de ‘Umar Ibn Al-Khattâb qui était à La Mecque et priait devant des résidents, alors que lui était voyageur. Mais il était le Commandeur des croyants, donc il dirigeait la prière et la raccourcissait. Et il leur disait : « complétez votre prière car nous sommes voyageurs »



shaykh Al-Albânî – qu’Allah lui fasse miséricorde, illumine sa tombe et lui accorde la meilleure des récompenses.

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